Le parc archéologique d'Ahouakro est situé dans le département de Tiassalé dans la région de l'agneby-Tiassa à 145 km d'Abidjian. Le parc archéologique d'Ahouakro, d'une superficie de 57 hectares, se présente comme un univers de monuments granitiques. C'est un site exceptionnel qui constitue la vitrine de l'ensemble des biens patrimoniaux de la localité. Il se compose d'un ensemble de rochers granitiques imposants dont le volume varie entre quelques dizaines de mètres cube voire la centaine. Leur taille, leur aspect anthropomorphe ou zoomorphe ainsi que leur équilibre parfois précaire confèrent au site un caractère particulier.
Notons qu'Ahouakro comporte un fort intérêt géologique, géomorphologique, archéologique et culturel. D'abord, le site se trouve au sein d'un massif allongé de roches magmatiques aux formes variées dues à un processus caractéristique d'érosion en boule. En outre, il y existe de nombreuses traces de polissage de pierres visibles et d'empreintes par endroits. Également, de par sa sacralité, le site d'Ahouakro est porteur d'un incontestable intérêt culturel.
Ahouakro, qui signifie village d'Ahoua, tire son nom du premier occupant de l'espace. Sire Nanan Koffi Ahoua, originaire du Gold Coast, actuel Ghana, a fui les guerres (1893/ 1903-1905) entre Ashanti et Fanti, en faisant mouvement vers l'ouest par l'atlantique pour atteindre Grand-Lahou. A la recherche d'une terre d'accueil plus propice, il poursuivit son chemin pour se retrouver enfin dans la région de Tiassalé où il y a acheté un espace inhabité avec le chef du Village de Pacobo à raison de 9 mesures d'or pur. Après l'achat du terrain, il a demandé à ses devins d'explorer les alentours de la zone. Ceux-ci y ont découvert le génie des rochers (femelle) ou Songodi et le Djandja (mâle). Dès lors, Nanan Koffi Ahoua a demandé et obtenu leur permission d'y élire définitivement domicile. Il s'y est installé avec sa troupe et l'a baptisé Ahouakro. Pour sa sécurité, il a également sollicité la protection des génies pour qu'en cas de guerre, Ahouakro n'essuie plus de défaite face à ses adversaires. Son vœu a été exaucé. La preuve, de nombreuses guerres ont opposé les habitants d'Ahouakro aux Agni et à Tiassalé où les premiers en sont toujours sortis vainqueurs.
Il existe deux entités spirituelles sur le site, d’un côté le génie des collines (le sangodi) et de l'autre le Djandja yassoua qui règne sur six rochers. La visite du site est obligatoirement soumise à l'approbation des dépositaires du site. Sans l'autorisation préalable des initiés, les personnes qui s'y aventurent sont immanquablement frappées par un sort. A la veille donc de la visite du parc, le chef de terre procède à un rituel qui consiste à faire de la libation, à immoler un mouton pour le génie de la colline et abandonner un poulet auprès de Djandja. Aussi, le site regorge-t-il des centaines de poulets "sauvages" interdits à la consommation. Toujours à l'occasion de la visite du site, l'Adjanou, une danse spécifiquement exécutée par des femmes est au rendez-vous. Elle vise à conjurer et à exorciser le mauvais sort. Cette rythmique s'exécute à l'abri des regards masculins. Les danseuses en tenue d'Eve, le corps artistiquement paré, procèdent au rituel garant des valeurs sacrées de la vie sociale communautaire.